Le réchauffement climatique est là.
Désormais, on entend des "je n'aurais jamais imaginé avoir besoin d'une clim' en vivant dans le Nord ou à Paris". Il n'est plus une illusion ou une conséquence lointaine, il est réel et vécu par nous tous, du Nord au Sud de la France.
A juste titre, nous n'avons pas anticipé la construction de nos bâtiments selon ces nouvelles conditions climatiques. Des business de clim' et de piscines qui s'ouvrent en Picardie, qui pouvait l'imaginer en 2012 au moment de la MAJ de la Réglementation Thermique (RT) ?
Sans oublier que les façades en verre sont devenues emblématiques d'une architecture moderne, symbolisant transparence et innovation. Cependant, elles posent un problème majeur : l'effet de serre. En été, les bâtiments en verre absorbent et retiennent la chaleur, nécessitant une climatisation intensive pour maintenir des températures confortables. Une étude de l'Agence Internationale de l'Énergie (AIE) a révélé que la climatisation représente environ 10% de la consommation mondiale d'électricité, une part qui ne cesse d'augmenter .
Oui, on peut refroidir et réchauffer un bâtiment avec une pompe à chaleur qui a un COP (coefficient de performance) de 3 à 5 (la PAC restitue 3 à 5 x d'énergie que ce qu'elle consomme), mais nos objectifs de décarbonation impliquent aussi une sobriété dans nos comportements et consommations. Un des leviers les + importants de la sobriété demeure l'enveloppe thermique du bâtiment et son architecture. Et ce, depuis la nuit des temps.
Pour ajuster ce curseur, il existe ce qu'on appelle le "besoin bioclimatique du bâtiment".
Pour ceux qui ne savent pas ce qu'est le besoin bioclimatique, c'est une innovation majeure de la RT (Réglementation Thermique) 2012. Il s'agit du besoin en énergie du bâtiment selon sa conception au moment de la construction.
Exemple tout bête => si votre bâtiment est orienté plein sud, il profitera + des rayons du soleil et donc aura un besoin en chauffage diminué.
Cette démarche bioclimatique prend donc en compte l'orientation du bâti, les apports solaires, l'éclairage naturel, le niveau d'isolation, l'inertie, la compacité et la mitoyenneté.
Faisons le lien avec le besoin bioclimatique et comment on pourrait penser l'architecture d'un bâtiment pour créer une ventilation naturelle et éviter ces clim' qui consomment énormément d'énergie par ex.
J'ai pu visiter un badgir à Dubaï. Peuple vivant dans le désert, les Perses ont dû adapter leur architecture aux températures très élevées (oui, la clim' n'existait pas à cette époque). Bagdir signifie en arabe "attrape-vent". Il s'agit d'un élément traditionnel d'architecture persane utilisé depuis des siècles pour créer une ventilation naturelle dans les bâtiments, en particulier dans la pièce à vivre.
Les badgirs sont généralement positionnés sur les toits des bâtiments, et sont construits de manière à capter le vent de toutes les directions, même les brises légères. Souvent, l'air capté par les badgirs est dirigé vers un bassin d'eau ou un autre élément de refroidissement à l'intérieur du bâtiment (les fontaines, ce n'est pas uniquement pour faire joli 🤓). L'air chaud s'abaisse en température en traversant cette zone d'eau avant d'entrer dans l'espace de vie. Ce processus est similaire à un refroidisseur évaporatif.
Les badgirs exploitent également la différence de pression entre l'air extérieur et l'air intérieur ainsi que l'effet de convection. Comme l'air chaud monte, l'air frais qui entre par le bas du badgir déplace l'air chaud à l'intérieur de l'espace, le poussant à monter et à sortir par des ouvertures supérieures. Cela crée un flux d'air continu qui contribue au refroidissement. En combinant ces principes de base, les badgirs aident à créer un environnement intérieur plus frais et plus confortable dans des régions arides et chaudes.
Ces anciens principes peuvent ainsi inspirer des solutions modernes pour améliorer l'efficacité énergétique de nos bâtiments. Par exemple, intégrer des façades ventilées, des toits végétalisés et des matériaux à changement de phase dans les constructions peut aider à maintenir des températures confortables tout en réduisant la consommation d'énergie.
En conclusion, repenser l'architecture de nos bâtiments est essentiel pour réduire leur impact environnemental. En combinant les leçons du passé avec les innovations actuelles, nous pouvons concevoir des bâtiments qui sont non seulement beaux, mais aussi durables et efficaces sur le plan énergétique.